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fossiles d’animaux, l’incisive droite de la mâchoire inférieure d’un castor ; cette dent bien conservée montre encore la couleur d’un jaune brun qui, pendant la vie, est propre à sa face antérieure.

Les castors habitaient du reste autrefois la vallée du Rhin[1], les bords de la Saône[2] et de la Marne[3] ; nous savons aussi que les anciens Helvétiens des cités lacustres, dont les archéologues nous ont révélé l’existence[4], chassaient et mangeaient le castor. Rien d’étonnant dès lors que ce rongeur ait aussi vécu sur les bords de la Moselle et peut-être même sur ceux des affluents de la Sarre ; la dent trouvée en fait foi, et le témoignage de Pierre Bélon prouve que cet animal existait encore en Lorraine au milieu du seizième siècle.

Cette date, relativement récente, est confirmée par plusieurs témoignages pour les contrées voisines. À la même époque, le castor vivait en effet en Suisse sur les bords de la Reuss, de l’Aar et de la Limmath[5]. Au dix-septième siècle, il se trouvait encore en Alsace, et l’on y accommodait ses membres postérieurs et sa queue

  1. Petri Andreæ Matthioli Commentarii in Libro II Dioscoridis, cap. xxiii.
  2. Petri Bellonii de aquatilibus libri duo, p. 29.
  3. Jean Marius et Jean Francus, Traité du castor, traduit par Eidous ; Paris, 1746, in-12, p. 24.
  4. Troyon, Habitations lacustres de la Suisse dans les temps anciens et modernes ; Lausanne, 1860, in-8°, p. 182.
  5. Tschudi, Les Alpes, p. 664.