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y trouverait souvent des renseignements intéressants et nous en apportons ici une nouvelle preuve. Le célèbre voyageur Pierre Bélon rapporte que de son temps les Lorrains faisaient, pendant le carême, leurs délices de la queue du castor : Undè Lotharingis per jejunia deliciis habetur, quod murenam benè preparata ipso gustu propemodum referat. Et il ajoute : Proindè hujusmodi amphibio Europa nostra abundat, ut apud Burgundiones, Lotharingos et Austrios permulti cicures etiam hodiè reperiantur[1]. Ainsi non-seulement le castor existait en Lorraine du temps de Bélon, mais il y était même, sinon à l’état domestique, du moins on l’y élevait comme un animal apprivoisé, le mot cicures pouvant se prendre dans les deux sens[2].

J’ajouterai enfin que, dans une exploration que j’ai faite avec M. Husson, au mois d’octobre 1863, dans une caverne des environs de Toul, située sur les bords de la Moselle, nous avons rencontré au milieu d’ossements humains, et en l’absence complète d’ossements

  1. Petri Bellonii de aquatilibus libri duo, p. 28.
  2. Le castor vit très-bien en servitude et devient même très-familier. Guilhem Pélissier, évêque de Montpellier au seizième siècle et naturaliste distingué, en a longtemps élevé chez lui pour étudier leurs mœurs (Gulielmi Rondeletii universæ aquatilium historiæ pars altera ; Lugduni, 1555, p. 237). Buffon (Histoire naturelle ; Imp. roy. in-4°, t. VIII, p. 303), et Frédéric Cuvier (Dictionnaire d’histoire naturelle de Levrault, in-8, t. VII, p. 249), l’ont également observé en servitude.