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espèce de lutte d’avant-poste où, seul, je représente de prime abord notre Compagnie toute entière ; vous ne voyiez point l’imposante Assemblée dont je m’effraie autant qu’elle vous anime, et qui sera frappée de mon insuffisance en raison de vos mérites.

Quoi qu’il en soit, j’accepte la tâche qui m’est dévolue. J’établirai le bilan de notre actif et de notre passif, de nos pertes et de nos gains, pendant les douze mois dont je suis le comptable : je ferai mon devoir. Aujourd’hui, c’est un titre assez mince que celui-là ; je le sais : et pourtant, plusieurs d’entre nous ont pu reconnaître, à force de vivre, que la stricte observance des devoirs, même réputés minutieux, est la sauve-garde des peuples et des familles, parce que c’est un acheminement perpétuel au calme dans l’ordre et l’honneur, c’est-à-dire dans le juste et le bon s’il s’agit des sociétés, dans l’utile et le beau s’il est question de la science et des formes qu’elle revêt selon les pays et les âges.

Depuis cent quinze ans, Messieurs, notre Académie s’efforce d’être, par son dévouement à l’étude, un type de cette dignité dans le devoir. Vous avez compris que le zèle désintéressé pour les choses de l’intelligence, et le sage emploi des loisirs, s’ils n’illustrent pas à la hâte, ménagent un nom respectable pour la suite des temps. La renommée n’aime ni qu’on la prévienne ni qu’on lui couvre la voix ; elle se soustrait à ceux qui