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M. Digot avait fait de son temps trois parts, l’une pour l’étude, l’autre pour la famille et un petit nombre d’amis, la troisième pour Dieu. Ce que nous a valu la première, je viens de vous le dire et la collection de ses écrits en témoigne assez hautement. Ce qu’il était dans l’amitié, peu le savent peut-être, mais puisqu’il m’a été donné de l’apprendre en le fréquentant, il est de mon devoir de le révéler à ceux qui ne le soupçonneraient pas. Attiré auprès de lui par la conformité de nos études, et par le besoin de consulter celui que j’ai trouvé investi d’une autorité si justifiée, et qui, pour tous, était un maître, là où je ne cherchais que de l’érudition et des décisions doctrinales, j’ai trouvé peu à peu, et par une habitude de plus en plus intime, les trésors du plus agréable et du plus sûr commerce, une cordialité aimable et douce, une droiture qui allait jusqu’au scrupule, une modestie qui avait produit l’effacement absolu de tout amour-propre, de toute vanité littéraire, une franche et fine gaîté, un tour d’esprit vif et piquant, une conversation où la plaisanterie coulait de source, sensée, bienveillante, égayant toujours sans blesser jamais. Voilà ce que ses amis trouvaient en lui, ce dont ils aimeront jusqu’à la fin à s’entretenir entre eux, et ce qui leur rend sa perte aussi douloureuse que sa mémoire leur est chère.

Mais ce n’est pas tout, Messieurs ; à la science, à la bonté du caractère, s’associait, en M. Digot, cette piété simple et vraie qui achève et qui consacre les vertus de