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Le Chevalier de Saint-Georges.

SCENE VIII. Les Mêmes, excepté PLATON. SAINT-GEORGES, troublé et montrant La Morlière. Voici mon témoin, Baron ; mais je ne vois pas .e vôtre. LE BARON. Je me suis lassé’ de l’attendre... il va venir, sans doute. M. DE BOULOGNE, se montrant. J^on, il ne viendra pas !.. LA MORLIÈRE. M. de Boulogne !.. LE BARON, reculant. 111 on père... M. DE BOULOGNE, s’avançant et avec force. Oui, Monsieur, c’est moi qui le remplacerai... c’est moi qui vous servirai de témoin !.. LE BA.R0N. Vous, grand Dieu !.. LA AIORLIÈBE et SAINT-GEORGES. Impossible !.. M. DE BOULOGNE. Hé pourquoi donc. Messieurs ?., qui de vous aurait le droit de me refuser ?., (jui donc serait plus jaloux de l’honneur du Baron, que son père ?.. (Mouvement des deux jeunes gens. 1 Oh ! ne craignez rien... je n’empêcherai pointée cond)al... { Regardant Saint-Georges.) Il est inévitable maiiitcnant, je le sais !., et puisque mes prières ont été repoussées... puisque la voix d’iLî père est méconnue... oubliez qui je suis... ne voyez que votre témoin... j’en remplirai les devoirs, j’en aurai le courage. LE BARON. Au nom du ciel... épargnez-vous un suplice... M. DE BOULOGNE, avec élan. Ah ! je souiïrirais mille fois plus, si je n’étais pas là... TOUS. Monsieur... M. DE BOLOGNE, avec force. Je le veux !., c’est un droit que personne ne saurait m’enlever... (a la Morlière. ) Voyons, .Monsieur... réghnis les conditions. SAINT-GEORCES, à part. Ah ! quelle épreuve !.. LE BARON. Elles sont réglées... et par le Chevalier lui-même. .. M. DE BOULOGNE et LA MORLIÈRE. Comment ? LE BARON, à Saint Georges. Oui, Monsieur... j’ai reçu votre lettre, et je fous rends grâce de votre loyauté... vous me laissez le choi.v des armes ?.. Le pistolet !., le leste va de suite... vous êtes l’oflensé, vous tirerez le premier. M. DE BOULOGNE, avcc effroi. Le premier !., lui. ?.. SAINT-GEOr.GES. Que dites-vous ? LA MORLIÈRE* C’est justice ! LE BARON. Je neveux ni fuveur, ni pitié... et quelque 1 soit le danger... le soin Vie mon honneur exige que les lois ordinaires du duel soient s’iivics... Allons, Mess’iciirs, les voilures sont en bas. Marchons !..... (La Morlière»i ;emoule avec le Baron, comme pour sortir.) ,., . . M. DE BOULOGNE. Grand Dieu !., (a mi-voix , ù saint-Georges, et avec désespoir.) Ton frétée !.. ton frère !.. sa vue même ne te désarme pas ? (Musuiue en sourdine.) SAINT-GEORGES, rarrclant et avec amertume. Ah ! Monsieur... vous êtes sans pitié !.. Par vous, j’ai tout perilu... il ne me restait que mon honneur... vous voulez qucje vous iesacrilie !.. Eh bien ! soit !., que je vous- doive donc le comble de l’infamie et de la dégradation !.. LE BARON, étonné et revenant vers Saint-Georges. Eh bien ! Monsieur ?.. ^ SAINT-GEORGES, acc trouble et au Baron, après un ins-tant d’iiésitalion. Vous penserez de moi ce (jne vous voudrez. Monsieur... vous pouvez dire que je suis un homme sans foi, sans honneur... mais ce combat est impossible... je ne me battrai pas avec vous ! LA MOP.LIÈr.E et LE BARON. Qu’entends-je ? M. DE BOULOGNE, avec joie. Ah ! , . , SAINT-GEORGES, avec une amertume profonde. Et maintenant, allez pu’)lier partout que Saint-Georges est un lâche !.. qu’il s’est ImuiiJié devant votisî.. qu’il a refusé de se battre... Appelez sur riol, le dé :iain, h honte et le mépris... j’y consens, je les accepte. ( A M. de Boulogne, à mi-voix.) Eh bien ! Monsieiu’... ètes-vous content ? ., suis-je assez avili ?.. La HORÙÈiiE, confondu. Ah ! Chevalier !,. LE BARON, étonné. C’est impossible !.. ( Ueganlant’ son père.) Un pareil langage... que s’cst-il donc passé ?.. Mon père... vous étiez avec lui... que lui avez vous donc dit ?.. M" DE PRESî.E, ouvrant tout-à-coup la porte de gauche et paraissant. Ce qu’il lui a dit, Monsieur... To ; S. Que vois-jc ! M. m : lîOt’LOGNE. La comtesse de Prcsîc ! M""" DE PRKSLr,, émue, 11 lui a dit que vous éiic/, son frère ! LE BARON et LAMOULIÈRE. Son frère ! M"* DE PRF.SLE, avec flmc. El, maintenant, au plus noble, au plus généreux des hommes, à celui-qûi est dédaigné, i :iéconnu, repoussé par tous !.. moi, comiesse <ie Presle, je viens dire : Chevalier, je vous stij)plie d’accepter ma, main... je serai lière de vous appartenir !.. y (. Mouvement. Saint-Georges, transporté de joie, s’incline sur la main de M"" de Treslc ; !I, de Houlognc est conyjattu ; le Baron ému s’élance cUuis les bras du Chevalier. La toile toral^e.) Paris. — Imprimerie Dondey-Dupréj rue Saint-Louis, 46, au Marais.