Page:Mélanges d’indianisme.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée
31
LA FINALE -uḥ DE SKR. pitúḥ, vidúḥ, ETC.


liques très brefs entourant r ; le r̥ n’est pas décrit comme une vibrante proprement dite. Comme, à la fin du mot, le second des éléments vocaliques pouvait être négligeable, on est donc en présence d’une voyelle très brève suivie de r. Mais r final s’assourdit à la pause et devant un mot suivant à initiale sourde ; dès lors on était tout à fait en dehors des conditions normales de prononciation de ^ ; et l’on conçoit que, pour rendre prononçable le groupe final à voyelle très brève + r assourdi (déjà visarga), il ait fallu donner plus de corps à la voyelle ; de là -iih, qui entraînait comme forme correspondante devant sonore -ur en vertu des règles générales des alternances ; du reste -wr était, devant voyelle, c’est-à-dire devant une partie notable des sonores, un traitement phonétique normal. La condition spéciale qui a entraîné l’altération prématurée de *r en fin de mot se laisse donc entrevoir, au moins par hypothèse.

Pour *-rs : *-rz, il faut tenir compte de ce que *-z tend vers -r en sanskrit, et de ce que skr. -r est la sonore de *-.s (devenu -h à date historique). Le s indo-iranien est représenté en sanskrit par s qui appartient à la série des cérébrales ; or, skr. r est encore une cérébrale pour une partie des grammairiens de l’Inde, et la valeur cérébrale est sûrement la valeur ancienne, comme l’a très bien marqué M. Fortunatov dans son article des Xap’.jTr^pta en l’honneur de M. Korsch (traduit par M. Solmsen, A^Z., XXXVI ; V. notamment p. 5 de la traduction). La différenciation connue de indo-iran. -isren skr. -ir(ainsi dans skr. tisráh = zd tisrô) établit l’étroite parenté de s et de r en sanskrit ; le passage de rt à at (avec /, et non t) en prâkrit, déjà attesté par des formes introduites dans les plus anciens textes védiques, telles que kàtukah, en est une seconde preuve, et l’on en pourrait citer bien d’autres. En fin de mot *-rs et ^-rz sont donc venus se confondre avec les formes prises par ^-r respectivement à la pause et devant sourde, ou devant sonore. La fusion était aisée, puisque r et s avaient sensiblement le même point d’articulation, et puisque *-i final aboutissait à -r d’une manière générale.

La valeur prosodique de skr. -uḥ : -ur est celle de *-rs : -rz, et