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A. MEILLET


thèmes en -r-. Par suite rien n’empêche de croire que le représentant régulier de *-r̥ final en sanskrit soit -uḥ. M. Lanman, Nouninflection in the Veda (JAOS., X), p. 422, signale même une forme véd. sthātúḥ qui pourrait être un nominatif-accusatif singulier neutre ; mais on n’a sur ce point aucune certitude et l’exemple ne saurait être utilisé pour démontrer que *-r̥ aboutit à skr. -uḥ (cf. Brugmann, Grundr., I2, p. 461 et la bibliographie citée). M. Macdonell, Vedic Gramm., p. 243, § 359 a, admet des formes très diverses, et assez mal établies, comme formes de nominatif-accusatif singulier neutre des thèmes en -r- en védique.

En somme on n’a pas le moyen de décider si skr. -uḥ répond à gâth. -ərəš seul, ou à gâth. -arə (supposé représenter *-r̥) seul, ou à -ərəš et -arə tout à la fois. On notera seulement que, au parfait avestique, les formes en -arə sont de beaucoup les plus fréquentes : gâth. -ərəš n’a aucun correspondant au parfait dans l’Avesta récent. Parmi les désinences moyennes, il n’y a en indo-iranien que des formes en -r-, et aucune forme en , ainsi zd sōire = skr. çére. Il y a donc des chances sérieuses pour que *-r̥ ait été à l’actif la forme principale de cette désinence de 3e personne du pluriel en indo-iranien, et par suite celle que représente le -uḥ sanskrit ; mais on n’a le droit de rien affirmer.


L’adverbe véd. sanitúḥ ne saurait évidemment être séparé de sanutáḥ (sanutár devant sonore) ; l’u de sanutáḥ rappelle gr. ἄνευ, got. inu ; il a été évité dans sanitúḥ qui présente un u dans la syllabe finale. On ne voit pas que le -úḥ final de sanitúḥ puisse représenter autre chose que *-r̥. Le type de sanutáḥ (sanutár) avec *-ar final répond à celui de antáḥ (antár) = lat. inter ; etc. ; la finale de sanutáḥ est la même que celle du synonyme gr. ἄτερ. L’*-r̥ final supposé dans sanitúḥ n’a malheureusement aucun correspondant bien clair ; les formes zd hanarə, išarə sont ambiguës. Toutefois, le gr. ἄφαρ offre peut-être un *-r̥ final comparable à celui de véd. sanitúḥ ; on a rapproché, pour la finale, gr. ἀτάρ, mais ce mot, n’étant pas synonyme de ἄτερ, ne saurait être utilisé