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J. HACKIN

II. L’incarnation. — Sur la première peinture (n° 198), le Bodhisattva quitte le ciel des Tusitas sous la forme d’un éléphant blanc se présentant de profil : trois de ses défenses sont nettement visibles. Devons-nous reconnaître dans le personnage qui se trouve à mi-chemin du palais, le Bodhisattva sous sa forme humaine ? Il serait difficile de nous prononcer à cet égard. La reine Maya est couchée sur le côté droit : les enlumineurs tibétains n’ont pas évité la maladresse commise par les sculpteurs de Barhut et de Sânchi. Au Gandhâra, Maya est toujours couchée sur le côté gauche, la tête à droite du spectateur et présente bien ainsi sa hanche droite au Bodhisattva, lequel ne peut, comme il est écrit, ni entrer pour la conception, ni sortir pour l’enfantement, ni même (en sa qualité de progéniture mâle) reposer pendant la gestation que de ce côté[1].

Sur notre deuxième exemplaire (n° 217), le personnage intermédiaire est supprimé et l’éléphant réduit à de plus justes proportions.

Inscription n° 218, Lha la hbab pa, « descente du dieu ».


III. La Naissance. — Nos deux peintures reproduisent très fidèlement les prototypes gandhâriens ; la faiblesse des moyens techniques est cependant rendue très apparente par la raideur, exempte de grâce du personnage principal, la reine Mâyâ. L’enlumineur, pour éviter le rendu très délicat des jambes croisées, les recouvre d’une jupe rouge, ce qui compromet définitivement l’élégance de la représentation. Brahmâ et Indra reçoivent conjointement l’enfant Bouddha qui jaillit du flanc droit de sa mère. Dans son ensemble la scène est plus voisine du prototype gandhârien que la miniature bengalie publiée par M. Foucher[2] qui accentue à outrance l’amplitude des mouvements et des formes ; seule la technique médiocre de l’enlumineur, en l’obli-

  1. AGB., p. 293.
  2. IB., pl. X, 3.