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JULES BLOCH

graphiques mentionnés est nécessairement assez courte ; et parmi ces noms, ceux dont l’identification est sûre sont la minorité. Il va de soi que plus d’une fois la tentation est venue de faciliter l’identification des autres par des corrections de texte d’autant plus aisées qu’il n’existe qu’un manuscrit du Périple. Mais mieux vaut un résultat restreint qu’un résultat purement hypothétique, et c’est pourquoi il ne sera fait usage ici autant que possible, que du texte du manuscrit lui-même, et de celles des transcriptions qui sont claires et ne peuvent prêter à aucune discussion.

L’utilisation linguistique des documents du Périple comporte d’autres difficultés, à première vue plus graves. D’abord rien ne nous assure d’avance que les différents noms transcrits par le Périple appartiennent à la même langue. Il est même vraisemblable au contraire qu’entre la côte iranienne et celle du pays dravidien l’auteur du Périple a dû rencontrer plusieurs dialectes, et par conséquent les noms qu’il a transmis peuvent venir de parlers différents. Nous ne sommes pas non plus renseignés sur ses informateurs, qui ont pu être d’origine très diverse : nouvelle cause d’incertitude. Les noms propres, qui forment la majorité des mots utilisables, peuvent, ici comme en tout pays, être archaïques ou de formation savante. Enfin, comment discerner ce qui appartient à l’auteur du Périple de ce qui était orthographe traditionnelle chez les géographes qui l’ont précédé ?

C’est à l’expérience de décider ce que valent ces objections préalables. En tout cas il en est une à laquelle l’auteur du Périple nous fournit lui-même au moins partiellement une réponse. Dans un certain nombre de cas en effet, au nom de localité ou d’objet qu’il mentionne, il a ajouté une formule qui donne à ce nom un cachet spécial d’authenticité : ainsi l’Indus est simplement appelé au § 38 ποταμὸς Σίνθος, et au § 40 τὸν Σίνθος ποταμόν ; mais la Mahī est désignée ainsi : ποταμὸς ὁ λεγόμενος Μάϊς (§ 42) ; de même pour le nom du ran de Catch : ὀνομάζεται δὲ Εἰρινόν (§ 40). Certaines de ces formules, particulièrement développées ou