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Sur quelques transcriptions de noms indiens dans le Périple de la mer Érythrée.


Parmi les témoignages que les géographes grecs nous fournissent sur le vocabulaire de l’Inde ancienne, ceux du Périple semblent a priori devoir être particulièrement dignes de foi. D’une manière générale l’exactitude et la valeur des renseignements que contient ce texte sont reconnues par tous les historiens ; de plus la date en est fixée à quelques années près : elle se place, on le sait, à la fin du ier siècle de notre ère[1] ; enfin nous possédons le texte même de la relation. Ceci donne à l’interprétation linguistique des garanties qu’on demanderait en vain par exemple aux noms, pourtant plus souvent étudiés, que les autres géographes tiennent plus ou moins directement de Mégasthène.

L’objet de cet article est de rassembler les quelques conclusions qu’on peut tirer du Périple sur l’état phonétique des parlers indo-aryens de la côte occidentale de l’Inde à l’époque où il fut rédigé. L’idée première de cette recherche appartient au maître à qui l’article est dédié ; et plus d’une fois il m’a fourni des indications précieuses sur les faits eux-mêmes, sans soupçonner à quel recueil il collaborait.

Les renseignements à utiliser ne peuvent manquer d’être rares et fragmentaires ; en effet les chapitres où nous pouvons puiser sont peu nombreux : ce sont presque uniquement ceux où l’auteur du Périple décrit la côte qui va de l’Indus jusqu’au Malabar. Sur un territoire aussi limité la liste des noms géo-

  1. Voir, outre les Prolégomènes de l’édition de Müller (Geogr. Gr. Min., I, p. xcvi sq.), A.-M. Boyer, Jn. As., 1897, II, p. 131-134 ; Vincent Smith, Early History of India, p. 217, note.