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RIENZI.

— À qui ? dit Savelli en voyant le garçon s’arrêter.

— À mon cousin Adrien. Honte à lui de prendre pour femme une fille que sa naissance rendrait à peine digne de servir de maîtresse à un Colonna !

— Va jouer, mon enfant, dit le vieux Colonna en repoussant l’enfant.

— Assez de ce babil ! cria rudement l’Orsini. Dites-moi, vénérable seigneur, juste au moment où j’entrais, j’ai vu un ancien ami (un de vos mercenaires d’autrefois) quitter le palais. Puis-je vous demander quel était son message ?

— Ah ! oui, un envoyé de Fra Moreale. J’ai écrit au chevalier, pour le blâmer de nous avoir plantés là à notre malheureux retour de Cornetto, et pour lui donner à entendre que cinq cents lances seraient grassement payées en ce moment même.

— Ah ! dit Savelli, et quelle est sa réponse ?

— Oh ! artificieuse, évasive. Il prodigue les compliments et les souhaits de prospérité ; mais, dit-il, il est attaché par le service militaire au roi de Hongrie, dont la cause est présentée au tribunal de Rienzi ; il ne peut déserter son étendard actuel ; il craint que Rome, indécise entre les patriciens et le peuple, ne puisse recevoir un gouvernement assuré sans appeler un podestat, et le Provençal insinue que ce rôle seul lui conviendrait.

— Montréal, notre podestat ? s’écria d’Orsini.

— Pourquoi pas ? dit Savelli. Un podestat de bonne naissance ne vaut-il pas un tribun de basse naissance ? Mais j’espère bien que nous nous passerons de tous les deux. Colonna, ce messager de Fra Moreale a-t-il quitté la ville ?

— Je le suppose.

— Non, dit Orsini, je l’ai rencontré à la porte et je le connais de longue date ; c’est Rodolphe le Saxon (ancien soldat des Colonna), qui au bon vieux temps jadis a fait