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elle se trouvait offrait justement à l’ambition hardie un vaste et brillant triomphe, au patriotisme résolu un spectacle douloureux, source de généreuses inspirations, enfin un digne théâtre à cette tragédie plus auguste qui va chercher ses événements, choisir ses acteurs et former sa morale au milieu des bouleversements et des crimes des nations.


CHAPITRE III.

La Querelle.

Un soir du mois d’avril 1347, sur une de ces larges places où Rome ancienne et Rome moderne semblaient confondues, également désolées, également en ruines, s’était assemblée une populace mêlée et furieuse. Le matin, la maison d’un joaillier romain avait été brutalement envahie et pillée par les soldats de Martino di Porto, avec une audacieuse effronterie qui dépassait même la licence ordinaire des barons. La sympathie et l’émotion qui remuaient toute la ville étaient profondes et de mauvais augure.

« Jamais je ne me soumettrai à cette tyrannie !

— Ni moi ! — Ni moi ! — Et moi, par les os de saint Pierre, pas davantage !

— Et quelle est, mes amis, cette tyrannie à laquelle vous ne vous soumettrez pas ? » demanda un jeune noble à la foule de citoyens qui, échauffée, irritée, armée à demi, étalant la violente pantomime de la colère italienne, des-