Page:Lytton - Les derniers jours de Pompéi, 1859.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée
64
LES DERNIERS JOURS

— Je le sais, et personne ne lui offre plus de victimes.

— Par Hercule, voilà un bon mot, dit Glaucus en riant.

— Vous avez toujours la lettre du chien à la bouche, Salluste, répliqua Claudius avec humeur ; vous grognez continuellement.

— Je puis bien avoir à la bouche la lettre du chien, reprit Salluste, puisque, lorsque je joue avec vous, j’ai toujours à la main les points du chien.

— Paix ! ditGlaucus en prenant une rose à une bouquetière qui se tenait près d’eux.

— La rose est l’emblème du silence, reprit Salluste ; mais je n’aime à la voir qu’à la table du souper. À propos, ajouta-t —il, Diomède donne grande fête la semaine prochaine ; êtes-vous invité, Glaucus ?

— Oui, j’ai reçu une invitation ce matin.

— Moi aussi, dit Salluste en tirant de sa ceinture un petit morceau de papyrus ; je vois qu’il nous convie une heure plus tôt que de coutume. Cela prouve que la fête sera magnifique[1].

— Oh ! il est riche comme Crésus, dit Claudius, et le menu de ses festins est aussi long qu’un poëme épique.

— Allons aux bains, dit Glaucus ; c’est le moment où tout le monde y va, et Fulvius, que vous admirez tous, vous y lira sa dernière ode. »

Les jeunes gens accédèrent à cette proposition et se dirigèrent vers les bains.

Quoique les thermes, oubains publics, fussent établis plutôt pour les pauvres que pour les riches (car ceux-là avaient des bains dans leurs propres maisons), c’était néanmoins pour les personnes de tout rang un lieu favori de conversation, et le rendez-vous le plus cher de ce peuple indolent et joyeux. Les bains de Pompéi différaient naturellement, dans le plan et dans la construction, des thermes vastes et compliqués de Rome ; et il paraît, en effet, que dans chaque ville de l’empire il y avait toujours quelque légère modification dans l’arrangement de l’architecture générale des bains publics. Ceci étonne singulièrement les savants, comme si les architectes et la mode n’avaient pas eu leurs caprices avant le XIXe siècle. Les amis entrèrent par le porche principal de la rue de la

  1. Les Romains envoyaient comme nous des billets d’invitation qni indiquaient l’heure, du festin. Si c’était une fête extraordinaire, on s’assemblait une heure plus tôt que d’habitude.