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que les citoyens de la ville étoient tous d’accord, vous n’aviez que de foibles espérances de retour, convaincus que notre union[1] étoit pour vous dans votre exil ce qu’il y avoit de plus nuisible. Mais, lorsqu’on vous annonçoit que 3000 citoyens s’étoient séparés du plus grand nombre, que plusieurs avoient été chassés ignominieusement d’Athenes, que les Trente étoient divisés, qu’il y avoit plus de citoyens qui favorisoient vos efforts qu’il ne s’en trouvoit qui vous fussent contraires ; alors vous vous attendiez à revenir, et à tirer bientôt vengeance de vos ennemis. La conduite qu’ils tenoient étoit précisément ce que vous souhaitiez davantage ; et c’étoit moins sur les forces des exilés que sur les excès des Trente, que vous fondiez toutes vos espérances. Le passé doit donc vous servir de leçon pour l’avenir, & ceux-là doivent être mis au nombre des plus zélés partisans du peuple, qui, jaloux de voir tous les citoyens parfaitement unis, sont fideles au traité de réconciliation, parce qu’ils pensent que c’est le moyen le plus sûr de conserver la république, & de se venger pleinement des ennemis d’Athenes. Eh ! quelle plus grande mortifica-

  1. Que notre union. Celui qui parle étoit un de ceux qui étoient restés dans la ville. Voyez pour les faits qui suivent le second livre des histoires grecques de Xénophon.