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d’argent considérable, s’il lui rendait la vue. Sa douleur était grande et sa foi aussi. Notre Sauveur en fut touché. Il la prit par la main et la releva. Puis, mettant sa main droite sous la semelle de sa chaussure, il la retira aussitôt, la passa ensuite légèrement sur les yeux de la dame, et la vue lui fut rendue.

Dans sa joie et son bonheur de revoir la lumière du soleil béni, elle voulait donner toute sa fortune à celui qui l’avait guérie. Notre Sauveur lui prit cent écus seulement. Porpant, en voyant cela, ne put s’empêcher de dire :

— Cette dame est très-riche. Que ne lui demandez-vous cinq ou six mille écus ! Elle vous les donnerait aussi bien.

— Bah ! Porpant, c’est assez pour la peine que j’ai eue ; vous avez vu comme cela m’a été facile.

Quand la dame fut partie, notre Sauveur dit :

— Je vais, à présent, partager cet argent entre nous quatre.

Il en fit cinq parts et mit vingt écus dans chacune. Porpant, voyant cela, dit :

— Ce n’est pas bien partagé ainsi. Nous ne sommes que quatre ; pourquoi faire cinq parts alors ?

— Celui qui a mangé le cœur de l’agneau aura deux parts, répondit notre Sauveur.