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serez mariés dans le prochain bourg que nous rencontrerons.

Ils continuèrent leur route, accompagnés de la vieille qui, malgré son âge et son état misérable, était tout heureuse de trouver à se marier enfin. Mais Pierre ne voulait pas marcher à côté d’elle, ni même la regarder ; et notre Sauveur le plaisantait et le priait d’être plus galant avec sa fiancée, et de lui donner le bras. Il marchait à quelques pas derrière, la tête basse et tout triste.

Ils arrivèrent ainsi à une forge. Il y avait là un forgeron très-renommé dans le pays, et à qui l’on ne parlait qu’avec respect et en l’appelant toujours : grand forgeron, le premier de tous les forgerons.

— Entrons un peu dans cette forge, dit notre Sauveur à ses compagnons de route.

Ils entrèrent tous les quatre, et Jésus-Christ dit au maître forgeron :

— Me permettrez-vous, forgeron, de faire une trempe saine[1] sur votre enclume, car moi aussi je suis forgeron.

Le forgeron regarda d’un air dédaigneux celui qui lui parlait de la sorte, haussa les épaules et ne répondit point. Mais son aide dit :

  1. À rapprocher de la légende de saint Éloi, que l’on trouvera plus loin.