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feu, puis se releva lestement, le lança encore au bas de la salle et s’assit ensuite dans le second fauteuil, en face de l’autre.

— Voici de singuliers compagnons ! se dit Sans-Souci, en se relevant ; mais mon rôti doit être cuit, et je vais le retirer du feu, de peur qu’ils s’avisent de vouloir le manger.

Il revint au foyer et se disposait à enlever son rôti, quand un troisième personnage, semblable aux deux premiers, dévala de la cheminée et le lança encore au bas de la salle, lui, sa broche et son rôti.

— Ah ! le jeu commence à m’ennuyer, dit-il en se relevant et en se grattant le derrière. Mais je vais les laisser se chauffer, à leur aise, car ils paraissent aimer le feu, et entrer dans ce lit clos que je vois là. J’emporterai mon gigot, avec une bouteille de vin, et peut-être me laisseront-ils souper à mon aise.

Il se mit donc dans un lit qui était au bas de la salle. Mais, à peine y était-il entré, que les trois diables (car c’étaient de vrais diables) vinrent à lui et lui parlèrent de la sorte :

— Ah ! Sans-Souci, l’homme sans peur, tu crois donc que nous allons te laisser tranquillement manger, boire et dormir, chez nous, tout comme si tu étais chez toi ? Tu te trompes, mon ami, et nous allons en finir avec toi.

— J’espère du moins, messeigneurs, répondit