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— Oui, mais il est à table, leur fut-il répondu.

— Nous attendrons ; mais dites-lui, nous vous en prions, qu’il y a ici un père et une mère malheureux, venus de bien loin, et qui désirent lui parler.

On rapporta ces paroles au pape.

— Oui, répondit-il, je les connais. Recevez bien ces gens-là ; faites-les manger dans une salle à part, et servez-les comme moi-même.

On se conforma à ces ordres, et nos deux voyageurs étaient confus de la réception et du bon accueil qu’on leur faisait.

Quand le pape se leva de table, il vint à la salle où ils étaient. En le voyant entrer, ils se jetèrent à ses pieds.

— Relevez-vous, leur dit-il ; ce n’est que devant Dieu que l’on doit se prosterner ainsi.

Et il les releva, en leur tendant la main.

Quand le pape sortait de table, un valet lui versait toujours de l’eau sur les mains, puis un autre valet lui présentait une serviette pour les essuyer. Dans son empressement à se rendre auprès des deux voyageurs, il avait négligé, ce jour-là, cette ablution accoutumée. Mais, dans la salle où se trouvaient le roi et la reine de France, on avait aussi mis, pour eux, une aiguière pleine d’eau et des serviettes. Le Saint-Père dit alors, en s’adressant au roi :