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cierge, dans le secret espoir de le voir s’allumer miraculeusement. Mais ni les cierges des cardinaux, ni ceux des archevêques et des évêques, et autres grands dignitaires de l’Église, ne s’allumaient ; et pas davantage ceux des abbés, des moines et des simples prêtres. Mais voilà que tout à coup le feu prit à la baguette blanche d’Innocent !

— Voyez donc qui ! se disait-on ; il y a certainement tricherie ! Un pauvre innocent ! Nous aurons donc un pape innocent !

Le second jour, la baguette d’Innocent s’alluma encore, et aussi le troisième jour ! Il n’y avait pas à dire, c’était bien lui que Dieu désignait visiblement pour être pape à Rome.

Le premier cardinal s’avança alors vers lui, et s’agenouilla en sa présence, en disant :

— Donnez-moi votre bénédiction, Saint-Père, car c’est vous qui êtes à présent le pape à Rome.

— Un pauvre innocent comme moi !

— Dieu vous donnera les lumières nécessaires ; sa volonté s’est manifestée visiblement, par trois fois.

Voilà donc Innocent pape à Rome, par la volonté de Dieu !

Il n’oublia pas ses deux compagnons de voyage, et, dès le lendemain, il les fit appeler auprès de lui.

— Vous, mon père, dit-il en s’adressant au