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genoux nus. Le sang ruisselait autour de la table, et les os de ses genoux étaient à nu !

Alors il dit encore au marquis :

— À présent, prenez des tenailles, et arrachez-moi un ongle de pied et un ongle de main, à chaque demi-heure ; si je viens à m’évanouir, présentez-moi un verre de vin, pour me donner des forces.

Le marquis obéit. Quand il eut arraché tous les ongles, l’un après l’autre, le brigand lui dit encore :

— À présent, vous m’arracherez un membre par heure !

Et quand tous ses membres eurent été arrachés, l’un après l’autre :

— C’en est fait de moi, à présent, dit-il ; achevez-moi, puis construisez un bûcher, et brûlez-y mon corps et mes membres. Vous recueillerez les cendres, et vous les mettrez dans un cercueil que vous irez placer sur le mur du cimetière du bourg le plus voisin. Vous verrez alors arriver un corbeau noir et une colombe blanche, des deux points opposés de l’horizon. La colombe blanche essaiera, à coups d’ailes, de faire tomber le cercueil dans le cimetière, et le corbeau noir travaillera à le faire tomber du côté opposé. Si le corbeau noir l’emporte, ma pauvre âme, hélas ! ira dans l’enfer ; mais si la victoire