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pour le lendemain et d’y inviter tous leurs parents, des deux côtés. Ce qui fut fait.

Quand on fut à table, vers le milieu du repas, le prêtre, s’adressant à sa sœur, devant tous les convives, lui demanda si, un jour ou l’autre, elle n’avait pas formé quelque demande ou quelque vœu coupable.

— Je ne m’en souviens pas, dit-elle, mon frère, si ce n’est pourtant qu’avant de devenir enceinte, je dis un jour, dans un moment d’impatience et d’humeur, que si j’avais un enfant, peu m’importerait que le diable l’emportât plus tard.

— Hélas ! ma pauvre sœur, vous en aviez trop dit, et voilà d’où vient tout le mal. Vous avez voué votre fils au démon, et le triste état où vous le voyez aujourd’hui vient de ce que tous les matins, quand il se rend à l’école, le diable, sous la forme d’un barbet noir, lui prend dans sa bouche le petit doigt de la main gauche et suce son sang et la moelle de ses os.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria la mère, n’y a-t-il donc plus moyen d’empêcher mon pauvre enfant d’être damné dans l’enfer ?

— Hélas ! c’est bien difficile. Je ferai pourtant mon possible. Je donnerai à mon filleul une lettre pour un saint prêtre de mes amis, qui est plus savant que moi et qui peut-être pourra encore l’arracher aux griffes de Satan.