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ayez confiance en moi, et, avec l’aide de Dieu et d’un vieil ami ermite que j’ai, j’espère réussir à vous sauver tous les deux. Comme le terme fatal approche, demain, j’irai avec votre fils voir mon ami l’ermite.

La femme remercia le vieux moine et lui dit de faire tout comme il le jugerait à propos.


Le lendemain matin donc, le vieillard et l’enfant se mirent en route pour aller à la recherche du solitaire. Après avoir marché pendant plusieurs jours, ils arrivèrent enfin dans une grande plaine stérile et toute brûlée par le soleil. Ils y remarquèrent une pauvre hutte, construite avec des branchages d’arbres entremêlés de mottes de terre et recouverte de glaïeuls et de joncs des marais. C’était la demeure de l’ermite.

Le moine poussa la porte de l’habitation, et ils aperçurent au fond le vieillard, assis sur un galet chauffé au feu. La fumée sortait de dessous lui et sentait fortement la chair rôtie. Et pourtant il priait à haute voix, comme s’il ne souffrait point[1]

  1. Ces ermites de nos contes populaires rappellent les Richis et les Fakirs des Hindous. Voici comme on nous dépeint un d’eux, dans la Reconnaissance de Sakountala, drame du poète Kalidasa : « Le corps à moitié recouvert par un monticule formé par des fourmis ; la poitrine semée par une peau de serpent ; le cou étroitement pressé par les replis d’un collier de lianes desséchées ; portant un cercle de cheveux nattés qui entoure ses épaules et qui est rempli de nids d’oiseaux, à la place où il est, immobile comme un tronc d’arbre, ce solitaire se tient tourné vers le disque du soleil. »