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de vos péchés est trop grand et trop lourd pour que vous puissiez le porter jusqu'au paradis, et il vous faudra vous convertir et l'abandonner. Dans les premiers temps que vous êtes devenu notaire, vous preniez beaucoup plus d'honoraires qu'il ne vous en était dû ; et maintenant même, quoique vous en preniez moins, vous en prenez encore trop. Prenez garde, car un de vos pieds est déjà sur le bord de l'abîme ! — Et vous, laboureur, que vous est-il arrivé ? demanda-t-il alors au plus jeune des trois frères.

— Quand le soleil se coucha, dit celui-ci, je me trouvais auprès d'un château. J'y entrai, et je demandai l'hospitalité pour la nuit. On me fit bon accueil et, après souper, on me conduisit coucher dans une belle chambre où il y avait un bon lit de plume avec plusieurs tapis et couvertures de laine. Quoi qu'il en soit, je ne dormis point, car je ne pus jamais venir à bout de réchauffer un de mes pieds, qui resta glacé toute la nuit.

— Voici pourquoi, mon fils. Vous êtes un homme compatissant et charitable envers les pauvres, qui trouvent toujours bon accueil dans votre maison. Mais il y a dans votre cour une mare, et quand les pauvres que vous logez se rendent, dans l'obscurité, à l'étable où ils doivent passer la nuit, ils entrent dans cette mare ; leurs