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une croix, entre deux larrons. Le brigand ou larron de qui nous venons de parler avait continué son métier, comme devant, détroussant les voyageurs et les assassinant même à l’occasion. Il avait été pris et jugé. La sentence des juges le condamnait à être crucifié, et il était en prison, en attendant le jour de l’exécution. Il était un des deux larrons qui devaient être crucifiés avec Jésus de Nazareth.

Quand les trois condamnés étaient en croix, subissant leur supplice, Jésus au milieu, un des larrons, celui de droite, était silencieux, calme et résigné ; celui de gauche, au contraire, criait et blasphémait, et se tordait comme un possédé du démon. Alors, Jésus, s’adressant au larron de droite, lui dit :

— Ne vous rappelez-vous pas m’avoir déjà vu quelque part, avant aujourd’hui ?

— Je ne me le rappelle pas, répondit le larron.

— N’avez-vous pas reçu dans votre maison, il y a environ trente-deux ans, deux pauvres gens et leur enfant nouveau-né, surpris par un orage, au moment où ils fuyaient en Égypte, pour se mettre à l’abri de l’arrêt d’Hérode contre les nouveau-nés de la Judée ; et votre fils, rongé de la lèpre, n’a-t-il pas été guéri instantanément pour avoir été lavé dans l’eau où l’enfant de ces pauvres gens venait d’être lavé lui-même ?