Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Courage ! lui dit-elle, et nous finirons par triompher de l’ennemi. Continuez de venir me voir tous les jours, malgré ce que pourra vous dire votre parrain. Votre père, hélas ! a promis de vous livrer à lui, quand vous aurez atteint l’âge de douze ans, et il faut que la promesse s’accomplisse. Dans quelques jours, le terme sera échu, et il viendra vous réclamer. Mais venez ici, de bon matin, avant le lever du soleil, et je ferai ce qu’il faudra pour vous arracher à l’ennemi.

— Mais qu’est-ce donc que mon parrain, marraine, pour être si méchant ?

— Vous le saurez plus tard, mon enfant. En attendant, restez-moi toujours fidèle, et faites tout de point en point comme je vous le dirai.

— Je le ferai, ma bonne marraine, soyez-en bien sûre.

Et la marraine et le filleul se séparèrent là-dessus.

La veille du jour fatal, la mère dit à son fils avec tristesse :

— Demain, mon fils, ton parrain doit venir te chercher, pour t’emmener avec lui à son château, et peut-être serons-nous longtemps sans nous revoir.

— Je le sais, ma mère, répondit Robert ; mais ne vous en inquiétez pas trop, et ayez, comme moi, confiance dans ma marraine, qui veille tou-