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son. Je suis déjà venu ici, il n’y a qu’un instant, en mendiant, et vous m’avez mal reçu ; vous avez même fait détacher vos chiens sur moi. À présent, que je viens dans le costume et avec l’attirail d’un prince, vous venez me recevoir, le chapeau à la main, et me prier de vous faire l’honneur d’entrer dans votre maison. Mais accompagnez-moi d’abord à un endroit non loin d’ici, car j’ai quelque chose à vous dire.

Et le prince, ou du moins celui que l’on prenait pour un prince, conduisit Jean L’Andouar sur la grand’lande où il coupait de l’ajonc, le jour de Noël, et, arrivé là, il lui dit :

— Avez-vous donc oublié, Jean L’Andouar, en quel état je vous ai rencontré ici ?

Jean se jeta à genoux et demanda pardon, d’un air suppliant et les mains jointes.

— Vous m’aviez promis d’accueillir bien tous les malheureux qui se présenteraient à la porte de votre maison, et vous avez été dur et sans pitié pour le pauvre, jusqu’à détacher vos chiens sur lui ! Hélas ! la prospérité vous a bien vite fait oublier votre première condition ! À présent, vous redeviendrez comme, je vous trouvai ici, le jour que vous savez. Pourtant, avec un sincère repentir et en faisant dure pénitence, vous pourrez encore obtenir votre pardon !

L’inconnu disparut alors, et Jean L’Andouar se