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— C’est fort, répondit le roi, mais possible, après tout : que nous diras-tu encore ?

— Avant de venir à votre cour comme pâtre, sire, j’étais garçon meunier, au moulin de mon père. Un jour, je chargeai tellement mon âne, qu’il se brisa l’échine.

— La pauvre bête ! s’écria le roi.

— J’allai à une haie voisine, reprit le pâtre, et j’y coupai avec mon couteau un bâton de coudrier, que je lui introduisis dans le corps, pour lui servir d’échine. Il se releva alors, et porta allègrement sa charge au moulin.

— C’est fort, ça, dit le roi, mais après ?

— Le lendemain matin, je fus bien étonné (c’était au mois de décembre) de voir que, pendant la nuit, il avait poussé, sur le bout du bâton qui était resté dehors, des branches, des feuilles et même des noisettes, et quand je sortis mon âne de l’écurie, les branches continuèrent de pousser, à vue d’œil, et s’élevèrent si haut, si haut, qu’elles allaient jusqu’au ciel.

— C’est bien fort, cela, dit le roi, mais après ?

— Ma foi, voyant cela, je me mis à y grimper, de branche en branche, tant et si bien que j’arrivai dans la lune.

— C’est très fort, cela, dit le roi, mais après ?

— Arrivé dans la lune, j’y remarquai des vieilles femmes qui vannaient de l’avoine, et je