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de Grand-Jean, son premier valet, qui resterait avec lui à la maison.

— Et le dîner, qui le préparera ? demanda la cuisinière.

— N’ayez pas d’inquiétude à ce sujet, et partez tous, puisque je vous le dis.

Les voilà donc partis tous pour le bourg. Le seigneur dit alors à Grand-Jean d’apporter la grande marmite au milieu de la cour, et de la remplir d’eau. Puis, il y mit du lard, de la viande salée, des choux, des navets, du sel, du poivre, — enfin tout ce qui est nécessaire pour faire de bon bouillon. Alors, il ôta sa veste, prit le fouet du meunier, — et de fouetter la marmite ! Mais, il avait beau frapper, l’eau restait froide.

— Que faites-vous ainsi, monseigneur ? demanda Grand-Jean, étonné.

— Tais-toi, imbécile, tu le verras, tout à l’heure.

Et le voilà de fouetter encore, de son mieux. De temps en temps, il fourrait son doigt dans la marmite ; l’eau était toujours froide ! Enfin, quand il fut assez fatigué, il s’arrêta et dit :

— Décidément, le meunier, je le crains bien, se moque de moi !

— Oui, il se moque sûrement de vous, monseigneur, répondit Grand-Jean.