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— Jean a dit, mon maître, qu’il dtait capable de fabriquer un Wignavaou[1] pour divertir et faire rire à gorge déployée les invités du grand dîner que vous donnez, dimanche prochain.

— C’est bien ; dites-lui de venir me parler.

Et voilà Jean de nouveau en présence de son seigneur, qui lui dit :

— Vous vous êtes vanté, Jean, de pouvoir fabriquer un Wignavaou, qui amusera et fera rire tous mes invités du grand dîner que je donne dimanche ?

— Est-il Dieu possible ! s’écria Jean ; je ne sais seulement pas, mon bon seigneur, ce que c’est qu’un Wignavaou,

— Vous l’avez dit, Jean, et il faut que vous le fassiez, ou il n’y a que la mort pour vous. Allez, et songez-y.

Et Jean s’en retourna, bien triste et bien embarrassé. Heureusement que la petite vieille vint encore à son secours et lui dit, en lui présentant une baguette blanche :

— Prends cette baguette. Tu n’auras qu’à dire : « Par la vertu de ma baguette blanche, colle là ! » et aussitôt les personnes et les objets, quels qu’ils soient, se colleront les uns aux autres,

  1. Mot inventé arbitrairement, qui n’a aucune signification précise, et qui doit s’entendre de quelque épouvantail ou invention plaisante propre à égayer et amuser les invités du seigneur.