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— N’allez pas commettre cette imprudence, lui dit son hôte, ou du moins laissez-moi votre serviette.

— Non, répondit-il, j’irai et j’emporterai ma serviette.

Et il alla, en effet, non pas vêtu comme un prince, cette fois, mais, comme un cuisinier qui cherche condition.

Il demanda au portier :

— N’a-t-on pas besoin d’un bon cuisinier, au palais ?

— Ma foi si ! répondit le portier, qui ne le reconnut pas ; il en est parti un, ce matin même, et je pense qu’on ne demande pas mieux que de le remplacer promptement. Allez parler au maître cuisinier.

Il se rendit à la cuisine, parla au chef et fut reçu à l’essai. On le mit à l’épreuve immédiatement, et on n’était guère content de lui. On allait même le congédier, quand un jour qu’il devait y avoir un grand repas au palais, et que tout le monde était sur les dents et perdait la tête, dans les cuisines royales, il dit au chef et à tous ses employés, jusqu’aux simples marmitons :

— Allez tous vous promener, et laissez-moi seul ; je me charge de tout, et le repas que je servirai n’en sera pas plus mauvais, croyez-m’en.