Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’avez-vous fait de mon cheval ?

— Ce que j’ai fait de votre cheval ?

— Oui, vous avez emmené mon cheval avec vous au four banal ; où est-il ?

— Par ma foi, j’ignorais que ce fût votre cheval. Mais, est-ce qu’il n’est pas rentré ? Je l’ai laissé aller seul devant.

— Vous m’avez perdu mon cheval ; tant pis pour vous, et je vais vous emmener à sa place.

Et arrachant à la servante un sac vide, qu’elle portait sur le pli du bras, il la fourra dedans, malgré ses cris, la chargea sur son dos et partit.

Le soir, il se présenta à la porte d’une autre ferme, avec son fardeau.

— Que veux-tu ? lui demanda la fermière.

— L’hospitalité pour la nuit, au nom de Dieu.

— C’est bien, tu seras logé ; entre.

— Et mon fardeau aussi ?

— Oui, et ton fardeau aussi.

— Où le mettrai-je ?

— Dépose-le là, dans le coin, près du lit que voilà.

Pierre déposa son sac à l’endroit désigné, puis, le moment venu, il soupa et alla coucher, dans l’étable aux bœufs.

Quand il fut sorti, la pauvre servante, qui n’osait rien dire dans son sac, pendant qu’il était