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Jean était un travailleur infatigable, et sa conduite était exemplaire, sous tous les rapports. Il n’était ni buveur, ni joueur, ni coureur de pardons et de foires. La bonne femme mourut, peu après, et le peu qu’elle possédait, c’est-à-dire : une chaumière, deux petits courtils, une vache, une chèvre blanche, quatre poules, un beau coq rouge et un chat pour faire la chasse aux souris, échut en héritage à sa fille, puisqu’elle n’avait pas d’autre enfant.

La pauvre femme ne faisait aucun progrès du côté de l’intelligence, à mesure qu’elle avançait en âge, et Jean avait souvent lieu de la reprendre et de gronder. Il avait beau travailler et se donner du mal, il n’en devenait pas plus riche : bien au contraire. Au bout d’un an de mariage, la simplicité et les sottises de Jeanne, et aussi son bon cœur, car elle était toujours prête à partager avec les autres, firent qu’ils commençaient à se trouver dans la gêne.

Un soir, après souper, ils étaient tous les deux à causer, tranquillement, auprès du feu, avant d’aller se coucher.

— Nous avons encore trois bons morceaux de lard, dit Jean, en regardant le lard pendu dans la cheminée, pour fumer.

— Oui, répondit Jeanne, nous avons encore trois bons morceaux.