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Marc'harit, Marianna, Jeanne, Berc’hed, Katel, Glaouda, Tina, Izabel, Hénora, Franccza, Genoefa, etc., tous étaient pris. Et la voilà bien peinée.

— Jésus, mon Dieu ! s’écria-t-elle, mes enfants resteront donc sans noms, et, par conséquent, ne seront pas baptisés !...

Et elle se mit à pleurer dru, et s’oublia près de la fontaine, assise sur une pierre et la tête sur ses genoux.

Cependant, la mère, inquiète de voir que sa fille ne revenait pas, se mit à sa recherche :

— Jeanne ! Jeanne ! que fais-tu donc là si longtemps, Reviens, vite ? voilà plus d’une heure que tu es là.

— Ah ! vous ne savez pas, mère, s’écria Jeanne.

— Quoi donc, ma fille ?

— Quel malheur, mon Dieu !

— Quoi donc ? Que t’est-il arrivé ?

— Vous n’avez pas songé à une chose, mère ?

— Qu’est-ce que c’est donc ? Dis vite.

— C’est que si je me marie, et je le ferai, et que j’aie des enfants, et j’en aurai, il ne restera plus de noms à leur donner, puisque tous sont déjà pris par les autres.

La bonne femme, qui n’était guère plus fine que sa fille, resta d’abord immobile, bouche