Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait là une bande de voleurs, qui détroussaient les voyageurs. Il y avait une autre route, plus sûre, mais, beaucoup plus longue, qui contournait le bois et que suivaient ordinairement les gens prudents.

— Nous irons par le plus court, nous traverserons le bois, dit Petit-Jean.

Puis il pria les femmes qui étaient là de lui donner chacune un morceau de sa pâte, afin d’en faire des gâteaux, qu’ils mangeraient dans le bois, dans le cas où ils se verraient obligés d’y passer la nuit. Les femmes lui donnèrent de la pâte, et il en fit huit petits gâteaux, dans chacun desquels il mit une moitié de pie, de celles qu’ils avaient trouvées sur les corps de leurs chevaux morts. Quand les gâteaux furent cuits, ils les mirent dans leurs poches, et se disposèrent alors à se remettre en route. Mais, comme la nuit approchait, le fournier leur dit qu’il n’était pas prudent de s’engager, à cette heure, dans le bois, et qu’ils feraient bien de prendre l’autre chemin.

— Bah ! les voleurs ne nous font pas peur, répondit Petit-Jean ; et ils partirent et entrèrent résolument dans le bois.

Il y avait là plusieurs routes qui se croisaient, et ils s’égarèrent. La nuit vint. Ils craignaient plus que les voleurs les bêtes fauves, dont ils entendaient, de temps en temps, les hurlements et les