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mier soin, en débarquant dans l’île, sera donc de remplir la cloche d’étoupe, afin de l’empêcher de sonner. Notre frère le grimpeur montera alors jusqu’au château, le long d’une des chaînes d’or. Il y arrivera de nuit et pénétrera jusqu’à la princesse, par la fenêtre de sa chambre à coucher, qu’elle laisse ordinairement ouverte. Il la trouvera couchée sur un beau lit de soie et de dentelle, et il l’enlèvera lestement et nous l’amènera dans l’île. Si cette première partie de l’entreprise réussit, comme je l’espère, le plus difficile sera fait, et je dirai, en temps et lieu, à nos frères le tireur, le soudeur, le joueur de violon et le constructeur de bâtiments, ce qu’ils auront à faire, car nous aurons aussi besoin de leur secours.

Les six frères montèrent alors sur le bâtiment, qui partit aussitôt, naviguant tantôt sur terre, tantôt sur mer, et les conduisit, sans encombre, jusqu’à l’île. Ils débarquèrent, coururent aussitôt à la cloche et la remplirent d’étoupe, avant qu’elle eût sonné. Le grimpeur monta alors le long d’une des chaînes d’or, arriva jusqu’au château, pénétra jusqu’à la princesse, l’enleva et redescendit avec elle dans l’île. Tout cela fut fait rapidement et adroitement. La princesse était si belle, si belle, que les six frères restèrent quelque temps à la regarder, silencieux, la bouche ouverte, et immobiles comme des statues. Heureusement que le