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du magicien, et je désire qu’une de vous, celle qu’il choisira, le prenne pour époux.

— Le prince de Tréguier !... Qu’est-ce que cela ?... répondirent les deux aînées, d’un air dédaigneux.

— Moi, mon père, je le prendrai volontiers, puisque c’est à lui que vous devez votre délivrance, dit la cadette.

— Sotte ! lui dirent ses sœurs, qu’il montre du moins ce dont il est capable.

— C’est juste, répondit le vieux roi.

Et il donna au prince une épée enchantée et un beau cheval blanc et lui dit :

— Vas en Russie avec cette épée, et ce cheval. Le cheval connaît la route et te conduira, et pendant que tu tiendras l’épée, tu pourras être sans inquiétude, car elle n’a pas son égale au monde. Avec les deux, tu triompheras partout de tes ennemis. Quand tu seras dans une bataille, au milieu de la mêlée, tu n’auras qu’à lever l’épée en l’air, en disant : — Fais ton devoir, ma bonne épée ! et aussitôt, se démenant et frappant d’elle-même, comme une enragée, elle abattra et taillera en pièces tout ce qui se trouvera sur son chemin, excepté toutefois ce que tu lui diras d’épargner. Tu arriveras en Russie, au moment d’une grande bataille ; tu lanceras ton cheval au milieu de la mêlée et diras à ton épée de faire son de-