Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Aujourd’hui, j’ai fait la besogne, tout seul, mais demain, ce sera aussi ton tour.

— Que faudra-t-il faire, demain ? demanda-t-il. — Ma mère a besoin de bois, pour faire du feu, dans sa cuisine, et il faudra abattre une avenue de vieux chênes qui est là, et les lui apporter, dans la cour, pour sa provision d’hiver, et tout cela avant le coucher du soleil.

— C’est bien, ce sera fait, répondit le prince, en simulant un air indifférent, bien qu’il ne fût pas sans inquiétude.

Il alla encore trouver la sœur de l’Aigle.

— Me serez-vous fidèle ? lui demanda-t-elle encore.

— Jusqu’à la mort, répondit-il.

— Eh bien ! demain, en arrivant dans la forêt, avec la hache de bois qu’on vous donnera, ôtez votre veste, jetez-la sur une vieille souche de chêne que vous verrez là, avec ses racines découvertes, puis frappez de votre hache de bois le tronc le plus voisin, et vous verrez ce qui arrivera.

Le prince se rend donc au bois, de bon matin, avec sa hache de bois sur l’épaule. Il ôte sa veste, la jette sur la vieille souche aux racines découvertes qu’on lui a désignée, puis il frappe de sa hache de bois le tronc de l’arbre le plus voisin, lequel s’abat aussitôt, avec un grand bruit.