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— Moi, j’y irai, ma mère, dit l’ainé, nommé Fanch.

Et, après souper, et les prières faites en commun, Fanch se rendit à la chambre. C’était au mois de décembre, et il fit un bon feu, dans la vaste cheminée, et il se mit à fumer sa pipe, en buvant un verre de cidre, de temps en temps.

Dix heures étaient sonnées, qu’il n’avait encore entendu aucun bruit, si ce n’est quelques rats trotter dans le grenier. Onze heures sonnèrent, et toujours rien. Il s’endormit, dans son fauteuil, près du feu. Vers minuit, sa mère et ses frères, qui étaient en bas, entendirent le vacarme ordinaire. Fanch dormait profondément et n’entendit rien.

Le lendemain matin, quand il descendit, sa mère courut l’embrasser en disant :

— Dieu soit loué ! Tu es donc encore en vie, mon pauvre enfant ?

— Mais oui, ma mère, comme vous voyez ; pourquoi me demandez-vous cela ?

— C’est qu’il y a eu, cette nuit, tant de bruit et de vacarme, là-haut, que nous craignions pour ta vie.

— Je n’ai rien vu ni entendu, ma mère.

— Est-ce possible ? Nous n’en avons pas pu dormir, un instant.

— Quant à moi, j’ai bien dormi.