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nuit, ou quand il pleuvait, elle s’y retirait avec ses moutons. Mais, quand le temps était beau, elle courait et bondissait au soleil avec eux, ou chantait des chansons et récitait ses prières, qu’ils écoutaient attentivement, rangés en cercle autour d’elle. Elle avait une fort belle voix, claire et juste.

Un jour, un jeune seigneur, qui chassait dans ces parages, fut étonné d’entendre une si belle voix, dans un pays si désert. Il s’arrêta, pour l’écouter ; puis, se dirigeant vers elle, il se trouva bientôt devant une belle jeune fille, entourée de neuf moutons blancs, qui paraissaient l’aimer beaucoup. Il l’interrogea, et fut si frappé de sa douceur, de son esprit et de sa beauté, qu’il voulut l’emmener avec lui, à son château, elle et ses moutons. Elle refusa. Mais, le jeune seigneur ne rêvait plus que de la jolie bergère, et, tous les jours, sous prétexte de chasser, il allait la voir et causer avec elle, sur la grande lande. Enfin, il l’emmena avec lui à son château, et ils se marièrent, et il y eut de grands festins et de belles fêtes.

Les neuf moutons avaient été introduits dans le jardin du château, et Lévénès y passait presque toutes ses journées, à jouer avec eux, à les caresser, à les couronner de fleurs ; et ils semblaient être sensibles à toutes ces attentions. Son mari était