Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La vache, maigre et chétive, quand elle fut confiée A Yvonne, devint grasse et luisante, en peu de temps, grâce aux soins de la jeune fille. La marâtre s’en aperçut, un jour, et aussi de l’amour d’Yvonne pour sa vache, et aussitôt elle dit que la bête serait tuée, pour un grand repas qu’elle voulait donner.

La vache fut donc tuée, et Yvonne en éprouva un grand chagrin. Quand on l’ouvrit, on trouva auprès de son cœur deux petits souliers d’or, faits avec un art merveilleux. La marâtre s’en saisit en disant :

— Ce sera pour ma fille, le jour de ses noces !

Quelques jours après, un prince très riche, qui avait entendu parler de la beauté et de la douceur d’Yvonne, se présenta pour la voir. La marâtre, méditant une noire trahison, s’empressa de l’habiller et de la parer avec les robes, les parures et les diamants de Louise, puis elle la présenta ainsi au prince. Celui-ci s’entretint avec elle, pendant quelque temps, et il fut si enchanté de sa beauté et de ses réponses, qu’il dit qu’il n’aurait jamais d’autre femme qu’elle. Et il demanda sa main. On se garda bien de la lui refuser, et le jour du mariage fut fixé immédiatement ; puis le prince s’en retourna dans son royaume.