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château des magiciens, la magicienne, qui ne t’aimait pas, t’envoya, un matin, abattre un grand bois de chêne, avec une cognée de bois, et que je vins à ton secours et te tirai d’embarras ?

— Je me le rappelle fort bien, ma petite sœur chérie, répondit la seconde grenouille.

— Ne te rappelles-tu pas, petit frère chéri, reprit la première, que la magicienne t’ordonna ensuite de construire un pont de plumes sur un bras de mer, pour qu’elle y pût passer en voiture, et que je te tirai encore d’embarras ?

— Je me le rappelle bien, petite sœur chérie.

— Te rappelles-tu aussi, petit frère chéri, que, quand nous prîmes la fuite du château du magicien, celui-ci nous poursuivit, sur son dromadaire, et que, pour lui échapper, je changeai nos deux chevaux en fontaine, et nous-mêmes en deux grenouilles d’or, au fond de l’eau.

— Je me le rappelle aussi, petite sœur chérie. Tout le monde était attentif et silencieux,

mais, Arzur plus que tout autre. En effet, la mémoire lui revenait peu à peu de son passé, et il comprenait que le dialogue entre les deux grenouilles d’or retraçait sa propre histoire.

— Te rappelles-tu encore, petit frère chéri, reprit la première grenouille, que, le vieux magicien nous ayant fait la poursuite, une seconde fois, je changeai nos deux chevaux en deux arbres, au