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ment le vieux chêne et s’arrêta à le considérer, sans oser le frapper. Enfin, il se décida, et, au premier coup de cognée, le vieux chêne tomba sur le chêne le plus voisin, celui-ci tomba sur un autre, et ainsi de suite, si bien que tout le bois fut par terre, en un moment.

Arzur retourna alors au château, en sifflant, et tout fier de sa besogne.

— Eh bien ! dit la magicienne, en le voyant revenir, que viens-tu foire ici ?... Et la besogne ?...

— C’est fini, répondit-il, tranquillement,

— Tu mens ; ce n’est pas possible.

— Venez voir, si vous ne croyez pas.

Elle le suivit au bois, et, quand elle vit tous ses beaux arbres par terre, sa colère fut grande.

— Quel malheur ! s’écria-t-elle, de si beaux arbres !... Mais, je t’avais dit de faire des cuillères avec tout le bois.

— Oui, mais vous m’avez donné pour cela jusqu’au coucher du soleil ; soyez tranquille, vous aurez vos cuillères pour souper.

Et la magicienne s’en alla là-dessus, en grommelant.

Dès qu’elle fut partie, Arzur toucha de sa baguette le tronc du vieux chêne et dit :

— Par la vertu de ma baguette, que tout le bois qui est par terre soit converti en cuillères.