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jus de tabac ; j’y tremperai ma queue, puis, la nuit venue, je me glisserai dans la chambre de l’Ogre, par un trou, que je connais dans la muraille, et je la lui passerai deux ou trois fois par la bouche, pendant qu’il dormira. Il éternuera alors, si fort, qu’il rejettera le diamant, Je m’en emparerai aussitôt et vous l’apporterai, dans la cour du château, où vous m’attendrez.

Le stratagème fut trouvé excellent. On fit la mixture désignée, la reine des rats y trempa sa queue, quand elle entendit ronfler l’Ogre, qui, comme à l’ordinaire, avait mangé un bœuf entier à son souper et bu sa barrique de vin ; puis, elle pénétra dans sa chambre, et tout réussit à souhait. Quand la queue eut été passée pour la deuxième fois par la bouche de l’Ogre, celui-ci éternua trois fois, à faire trembler tout le château. A la troisième fois, il éternua encore, et le diamant jaillit de sa dent creuse sur le plancher de la chambre. La reine des rats s’en empara aussitôt, le rapporta à la chienne, qui attendait dans la cour et qui reprit aussitôt la route de Paris, en toute hâte. Elle y arriva, au moment où son maître montait à l’échafaud. Il était temps ! Bihanic, en la voyant venir, reprit courage (car il commençait à désespérer), et, se tournant vers le roi, qui était là, assis sur un siège doré, il lui dit :

— Je vous demande, sire, comme dernière