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tant le scandale que la présence d’un jeune homme dans sa chambre causerait dans le palais. Elle se laissa facilement persuader, et ce ne fut que le lendemain matin, à l’heure où la femme de chambre de la princesse venait ordinairement pour l’habiller, qu’il reprit la forme d’un épervier, et rentra dans sa cage. Pendant tout le jour, il était épervier, et la nuit, il redevenait homme.

Il y avait plusieurs mois que les choses se passaient de la sorte, lorsqu’on s’aperçut que la princesse prenait de l’embonpoint, avec une rapidité étonnante. Le vieux monarque n’y trouva rien à redire ; au contraire, il était enchanté de voir sa fille si bien portante ; mais, les courtisans et les domestiques commençaient à jaser, et à interpréter cet embonpoint subit d’une tout autre façon. Enfin, la princesse se dit malade et elle ne quittait plus sa chambre. On fit venir, l’un après l’autre, tous les médecins de la ville ; mais, aucun d’eux ne connaissait rien à sa maladie, ou plutôt n’osait dire ce qu’il en savait. Le roi était désolé, car il aimait beaucoup sa fille. Un jour, un vieux cuisinier du palais s’arrangea de manière à aller lui-même servir à dîner à la princesse, dans sa chambre. Il l’observa bien, et vit clairement ce que c’était que sa maladie. Le soir, à table, il dit, devant tous les valets et les do-