Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décida à faire entrer son cheval dans l’eau. Le cheval nageait très bien. Mais, les oies accoururent autour de lui, en criant, et si nombreuses, si serrées, qu’il avait bien de la peine à se frayer un chemin parmi elles. Fanch leur émietta un pain qu’il avait dans sa poche, et il les caressait, leur passant la main sur le dos et les appelant bonnes bêtes, belles oies du bon Dieu, ce qui paraissait les flatter beaucoup. Il arriva ainsi de l’autre côté de l’eau. Il était grand temps, car son cheval n’en pouvait plus. Alors, une des oies, la plus grande et la plus belle, lui dit, dans un langage qu’il comprit facilement :

— Si jamais tu as besoin de moi, tu n’auras qu’à m’appeler, en quelque lieu que je sois, et j’arriverai aussitôt : je suis la reine des oies.

— Merci bien. Madame la Reine des oies, lui dit Fanch poliment, et il poursuivit sa route.

Un peu plus loin, comme il traversait une grande lande, il se trouva soudain entouré d’un nombre infini de fourmis, grandes comme de petits moutons, et qui menaçaient de le dévorer, lui et son cheval. Il leur distribua ce qui lui restait encore de provisions, et prit toutes les précautions possibles pour que son cheval n’en blessât aucune. Quand il n’eut plus rien à leur donner, il leur dit :

— Je n’ai plus rien, mes pauvres bêtes ; je vous