Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Votre tête contre la mientie.

— Eh bien ! soit. Je finirai bien par gagner une fois, pensait-il.

On distribua les cartes.

Hélas ! le prince perdit encore.

— Dans un an et un jour, lui dit l’inconnu, vous viendrez me payer, chez moi, à mon château, sinon je saurai bien vous trouver, en quelque lieu que vous soyez.

— Mais, quel est votre nom et où demeurez-vous ?

— Mon nom est Barbauvert[1], et quant au château que j’habite, vous le chercherez et ferez en sorte de le trouver, autrement, je saurai bien vous trouver, moi.

Le lendemain matin, au lever du soleil, on remit le prince sur le bon chemin, et il s’en revint chez lui, triste et pensif. Il abandonna le sanglier qu’il avait pris à son hôte, pour payer son hospitalité, puisqu’il n’avait plus d’argent. Quand il arriva à la maison, il y trouva tout le monde dans la désolation ; mais, à sa vue, la tristesse et les larmes firent place à la joie la plus vive.


  1. Ou peut-être Barbe de verre ; le breton dit baro gouer. Dans un autre conte, j’ai rencontré l’expression de baro orgeal, barbe en fil d’Archal, ce qui rappelle les barbes régulièrement frisées et roides des anciennes statues assyriennes ou syriennes.