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voyager, avec de nombreux compagnons, ceux-ci l’avaient abandonné, quand l’argent était venu à lui manquer.

— Votre sort m’intéresse, mon enfant, reprit le vieillard ; mais, moi-même, je ne suis pas plus heureux que vous. Moi aussi, je suis fils de roi et ce beau château que vous voyez appartenait à mon père et devait me revenir, à sa mort. Mon grand-père eut le malheur de déplaire, je ne sais pour quelle cause, à la mère du magicien Marcou-Braz, laquelle était une puissante sorcière, et elle métamorphosa mon père et ma mère et toute notre famille en arbres, dans ce bois que vous voyez autour de ce château. Moi seul je conservai ma forme naturelle, pour être le portier du château.

— Et il n’y a aucun moyen de délivrer tout ce monde ?

— C’est bien difficile ; beaucoup de princes et d’autres vaillants hommes sont venus ici, pour s’emparer du magicien, et il les a tous changés en arbres, dans ce bois. Hélas ! ce sera aussi votre sort, si vous entrez dans le château.

— Ce n’est pas sûr, cela ; dites-moi ce qu’il faut faire pour réussir, et nous verrons après.

— Voici... mais, à quoi bon ? Ce serait marcher à votre perte.

— Dites toujours, et laissez-moi faire.