Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se promener, dans leurr jardin, quand il arriva chez eux.

— Des nouvelles de Lévénès qui nous arrivent ! s’écrièrent-ils en le voyant.

Et ils prirent la lettre, la lurent, et éclatèrent en cris de douleur. Une couleuvre sortit d’un buisson, auprès d’eux, et leur parla ainsi :

— Partez, vite, et faites-vous accompagner par tous les gens de votre maison, car Lévénès est en danger de mort !

Puis, elle disparut dans le buisson.

Ils se mirent aussitôt en route, avec tous les gens de leur maison, et aussi le petit chien.

Au moment où ils entraient dans la cour du château du mari de Lévénès, celui-ci traînait leur fille par les cheveux, et il avait le sabre levé, prêt à la frapper, quand une couleuvre arriva, furieuse, et le mordit au talon. Il poussa un cri, lâcha prise, tomba à terre et gonfla instantanément, comme un tonneau. La couleuvre se jeta sur lui, lui arracha les yeux et il mourut.

Cette couleuvre était la sœur de Lévénès.

Lévénès, qui était enceinte et arrivée au terme, accoucha sur la place d’un fils.

Une grande foule était accourue pour voir le seigneur mort, car c’était la terreur de la contrée, et nul ne le regrettait, bien au contraire. Et l’on criait au grand-père :