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Et l’animal leva alors la tête, aperçut le capitaine Lixur sur l’arbre et fit : « Hen ! hen ! hen !.. » en secouant la tête et lui souriant, à sa guise. Le capitaine descendit alors de l’arbre, passa un licol de chanvre au cou du Satyre, qui se laissa faire, et lui dit :

— Suis-moi à la cour du roi.

Et l’animal le suivit, aussi tranquillement qu’un jeune poulain que l’on ramènerait du champ à son écurie.

A peine furent-ils sortis de la forêt, qu’ils rencontrèrent, sur la route, le convoi d’un petit enfant que l’on conduisait au cimetière. Le père, la mère et les parents suivaient en pleurant, les prêtres chantaient devant. Le Satyre se mit à rire, en secouant la tête et en faisant : « Hen ! hen ! hen ! »

— Pourquoi donc rit-il, quand les autres pleurent ? se demanda le capitaine Lixur.

Plus loin, comme ils passaient sur la place publique d’une petite ville, on se préparait à y pendre un grand criminel, et il y avait une grande affluence de spectateurs.

Le Satyre se mit à pleurer.

— Que signifie ceci ? se demanda encore le capitaine ; tout le monde est heureux de voir délivrer le pays d’un criminel que chacun redoutait, et mon animal pleure !

Ils vinrent à passer, un peu plus loin, au bord