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tune bon cœur, prit ses armes, monta à cheval et se dirigea vers le bois, tout rêveur et triste. Avant d’y pénétrer, il descendit de cheval et s’assit sur l’herbe, près d’une fontaine, pour manger un morceau et boire un coup, afin de ranimer ses forces et son courage, car il n’était rien moins que rassuré. Il vit bientôt venir à lui une vieille femme, couverte de guenilles, courbée sur un bâton de houx et se traînant à grand’peine. Et elle dit, d’une voix tremblante :

— Ayez la bonté de me donner quelques miettes de votre repas, mon bon seigneur, car je n’ai pas mangé depuis longtemps et je me meurs de faim.

— Avec plaisir, grand’mère.

Et il lui donna du pain blanc, un peu de lard et un verre de vin, que la vieille mangea et but ; puis elle dit :

— Tu as été bien avisé, capitaine Lixur, de me traiter comme tu l’as fait, et tu t’en trouveras bien. Je sais où tu vas et ce qui t’embarrasse. Le roi t’a ordonné, sous peine de mort, de prendre et de lui amener, mort ou vif, le vieux sanglier de la forêt, dont personne n’a pu venir à bout, jusqu’à présent. Toi, tu y réussiras, avec mon aide, et à la condition de faire bien exactement ce que je te dirai. Écoute-moi donc bien : Quand tu auras pénétré sous le bois, tu rencontreras, vers